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La Vendée sera détruite

Les défaites
des Vendéens

L'arrivée des Mayençais, que commandent Kléber et Beaupuy, et qui appliquent d'emblée, suivant les ordres de la Convention, une politique de destruction systématique du pays insurgé, a le mérite de réconcilier pour un temps les généraux vendéens.
Le 19 septembre1793, à Torfou, les armées blanches, pour une fois réunies, infligent auxhéros de Mayence une défaite cuisante, mais insuffisante — la défection de Lescure et Charette, qui ne rejoignent pas Bon-champs le surlendemain au rendez-vous prévu, empêche la destruction des troupes républicaines. Une faute qui se paie, très cher, le 17 octobre, devant Cholet

Détruisez lta Vendee et vous sauvez la patrie !

Le 1 er août, la Convention adopte, sur la proposition de Barère, un plan de destruction totale du pays insurge. Ce plan, inspiré par le Vendeen Fayau, apparaît d'autant plus odieux, qu'il légalise un génocide d'Etat. C'est une triste pièce pour une anthologie du fanatisme que l'exposé des motifs qui justifie aux yeux de Barère l'anéantissement d'une province par l'incendie de tout le pays, par la destruction des récoltes et l'extermination implacable des rebelles :
Louvois fut accuse par l'Histoire d'avoir incendié le Palatinat, et Louvois devait être accusé, il travaillait pour les tyrans. Le Palatinat de la République, c'est la Vendée : détruisez-la et vous sauvez la patrie ! (...) C'est dans les plaies gangrenées que le médecin porte le fer. C'est à Mortagne, à Cholet, à Chemillé que la médecine politique doit employer les mêmes moyens et les mèmes remèdes. Détruisez lta Vendee et vous sauvez la patrie !
Pour mener à bien cette mission, la Convention décida d'envoyer de nouvelles troupes vers le pays insurge. Les 18000 hommes de la garnison qui venait de capituler dans Mayence. les soldats cantonnes a Condé et Valenciennes reçurent l'ordre de se diriger vers la Vendée.

Pour les Blancs. la situation va devenir tragique.

appel au comte d'Artois pendant la guerre de Vendée
Pour les Blancs, la situation va devenir tragique. Huit corps d'armées, en se rapprochant toujours, cerneront le Bocage. Le 13 et le 14 août 1793, l'armée royale est de nouveau battue à Luçon. Mais, vers la mi-août, un émissaire officiel du gouvernement anglais, le chevalier de Tinteniac, est reçu par Donissan, Lescure, Talmont, La Rochejaquelein. Il apporte l'alliance britannique. Pour cela, il faudrait passer la Loire, conquérir la Bretagne, avec l'aide des Chouans.
Lescure, Marigny s'opposent a ce projet. Bonchamps, Donissan, Talmont y sont favorables... A ces gentilshommes qui se veulent tous égaux et qui souvent se jalousent, il manque un chef incontesté pour imposer ses volontés. Aussi, lorsque Tinteniac repart, il emporte un émouvant message d'appel au comte d'Artois pour lui demander de venir les commander :
« Venez donc, Monseigneur, venez... nous osons vous l'assurer, nous serons invincibles, ayant parmi nous un prince héritier de de rois pour lequel notre amour égale notre estime... »
Hélas ! le futur Charles X, bon cavalier comme le furent ses ancétres Henri IV et Louis XIII, n'a pas hérité de leur intrépidité, de leur courage tenace...

Le surnom de Géants

Kléber et ses Mayençais sont arrivés a Nantes
C'est au cours de cette fin d'été 1793 que les Vendéens ont le mieux mérité le surnom de géants. En quelques jours, ils vont arréter, disperser, repousser plusieurs divisions.
Pourtant, la République vient d'envoyer, sur le théâtre des opérations, l'un de ses plus brillants généraux, avec ses meilleures troupes. Kléber et ses Mayençais sont arrivés a Nantes le 6 septembre. Ce Strasbourgeois. dur, sanguinaire, mais très brave, très intelligent, a examiné la situation de prés. Pour lui, elle « est le fruit de l'ineptie la plus crasse, la négligence la plus impardonnable et la lâcheté ". Méprisant envers les généraux improvisés, issus des clubs, il reconnaît en ses adversaires, des hommes aussi habiles qu'audacieux. Aussi se prépare t-il à une guerre implacable.
Alors que les Blancs hésitent sur les décisions a prendre, les Bleus établissent d'abord une sorte de blocus au nord, ensuite, leur encerclement doit se resserrer pour anéantir la rébellion.
Comprenant les menaces qui pèsent sur eux, les chefs de la Grande armée s'allient de nouveau à Charette.
A Torfou, le 19 septembre, Kléber s'avance avec ses Mayençais tandis que le gros de la troupe se porte vers Tiffauges sur l'autre rive de la Sèvre. La bataille qui s'engage semble tourner en faveur des Bleus... Mais, insultés par les femmes de Tiffauges, des fuyards reviennent à l'attaque. Les hommes de Lescure, de Royrand, de Bonchamps, de Stofflet, de Charette, Poitevins, Angevins, Bocains, bousculent les Bleus qui refluent en désordre vers Boussay.
A la fin de septembre, les Bleus sont encore battus à Montaigu, à Saint-Fulgent. La Convention lance pourtant son ordre du jour : Soldats de la Liberté, il faut que les brigands vendéens soient exterminés avant la fin du mois d'octobre. Le salut de la patrie l'exige ; l'impatience du peuple français le commande ; son courage doit s'accomplir.
bas
Détruisez la Vendée
C’est dans son rapport du 1er octobre devant la Convention que Barère déroule sa fameuse
anaphore concernant l’ inexplicable insurrection
vendéenne. Faisant de celle-ci le condensé de tousles périls extérieurs et intérieurs qui menacent la République française en cet automne 1793, il déclare à ses collègues :
« Détruisez la Vendée, Valenciennes et Condé ne
sont plus au pouvoir de l’Autrichien. Détruisez la Vendée, l’Anglais ne s’occupera plus de Dunkerque. Détruisez la Vendée, et le Rhin sera délivré des
Prussiens. Détruisez la Vendée, et l’Espagne se verra harcelée […]. Détruisez la Vendée, et une partie de cette armée de l’intérieur ira renforcer l’armée du Nord, si souvent trahie, si souvent travaillée.
Détruisez la Vendée, et Lyon ne résistera plus, Toulon s'insurgera contre les Espagnols et les Anglais, et l’esprit de Marseille se relèvera à la hauteur de la
révolution républicaine. »
Et Barère de terminer en ces termes son envolée oratoire :
« La Vendée, et encore la Vendée, voilà le charbon politique qui dévore le coeur de la république française ; c’est là qu’il faut frapper ».